Série de peintures : Les plis du monde

Dans cette série de peintures, Léa Delescluse ouvre un espace suspendu, entre ciel et matière, où des figures sans visage surgissent comme des apparitions. Elles semblent flotter dans un monde entre rêve et réalité, portant en elles une mémoire invisible, collective, intime.

Ces figures incarnent une humanité universelle — sans âge, sans genre, sans origine définie. Elles sont les messagères d’un monde intérieur qui déborde, un monde fait de plis et de replis, de matières, de souffles et de lumière. Elles ne racontent pas, elles évoquent.

Le titre Les plis du monde fait écho aux réflexions de l’anthropologue Philippe Descola dans Les formes du visible. Il y écrit : « Figurer, c’est donner à voir l’ossature ontologique du réel… en suivant tel ou tel pli du monde. » S’inspirant de cette pensée, Léa Delescluse plie et déplie les réalités, cherchant l’invisible dans le visible, l’universel dans l’intime.

Elle assemble des formes glanées au fil du temps, comme on composerait un chant ancien avec des instruments venus d’horizons lointains. Chaque tableau est une image pensée, précieuse, où rien ne repose vraiment sur ses pieds, mais où tout se tient, porté par une tension sourde entre renaissance et ruine, douceur et violence, cultures et symboles, reflétant la complexité de l’existence humaine. L’une des œuvres phares de cette série, Grenades, est une allégorie sans pieds ni visage, portant une coiffe italienne et drapée d’un tissu vietnamien. Dans ses mains, elle tient des grenades : l’une tue, l’autre nourrit.

 Son univers est nourri de voyages, de rencontres, de fragments d’ailleurs. C’est une réponse à l’uniformisation rampante : une célébration de la diversité, de l’altérité. Les plis du monde, ce sont ces interstices dans lesquels l’unique rejoint l’universel, où la beauté se niche dans l’intervalle.

Chaque toile est une pause, une respiration. Un moment suspendu où le temps s’efface, et où l’on peut, le temps d’un regard, faire corps avec le monde.